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Histoire de Mézidon Canon et de son canton
1 septembre 2008

La bataille de Croissanville

guillaume_longue__peeGuillaume-Longue-Épée succède en 927 à son père Rollon. La puissance dont il hérite est vaste et comprend toute l’ancienne province de Normandie, mais aussi le Maine et une petite partie de la Bretagne.

Une si grande étendue ne tarde pas à faire rechercher son alliance par ses voisins, ainsi Guillaume donne sa fille en mariage à Héribert de Vermandois et sa soeur Adèle à Guillaume, comte de Poitiers. Mais cela attire la haine de l’ambitieux Riulf, chef du Cotentin sous les ordres de Guillaume. Ce dernier rassemble les chefs voisins et organise une armée du mutins et ils viennent camper sous les murs de Rouen, on est en 935.

Guillaume, d’abord effrayé à la vue de ces ennemis, veut aller en France chercher des appuis, mais Bernard, l’un des vieux compagnons de son père Rollon lui lance « Eh bien ! nous te conduirons jusqu'à l'Epte; mais tu iras seul en France. Pour nous, nous regagnerons notre patrie, puisque nous n'avons plus ici de chef ni d'appui. »

Cette allocution brusque et brève, ramène Guillaume à lui-même et dès lors ne cherche plus qu’à combattre. Une troupe de 300 hommes fond alors sur les révoltés qu’elle met totalement en déroute. L’endroit de la bataille s’appelle le Pré-de-la-Bataille (Il existe encore une rue à ce nom à Rouen).

Le 15 janvier 936, Raoul, le Roi de France meurt. Il avait été mis en place par les grands du royaume à la place de Charles le Simple (Simple pour franc et honnête et non sot). Mais d’autres grands veulent l’héritier légitime du trône, le fils de Charles le Simple, qui avait fui avec sa mère en Angleterre : Louis IV de France dit d’Outremer. Pour cela, ils demande l’aide de Guillaume-Longue-Épée.

Guillaume replace alors Louis d'Outremer sur son trône et s’attache à la fortune du roi de France, son légitime souverain. Il tint sur les fonts baptismaux, à Laon, son fils, Lothaire, et rentre dans Rouen aux acclamations de toute la ville.

La période de paix qui suit est employée à la reconstruction de l'abbaye de Jumiéges. Il est même question pendant un temps que Guillaume-Longue-Épée, très croyant, prenne la bure pour devenir moine.

Puis, Arnould, comte de Flandre, s’empare du château de Montreuil, appartenant à Herluin, le beau-frère de Guillaume, le prince appelle alors ce dernier à son secours. Guillaume accourt, rend à Herluin sa citadelle et chasse le comte de Flandre. Ce dernier résolut alors de se venger.

Tous les moyens lui furent bons. le 17 décembre 942, Il demande alors une entrevue à Guillaume, afin de faire alliance avec lui. Le lieu de la conférence se situe sur une île de la Somme, près de Picquigny. Le duc de Normandie, qui était sans reproche, accepte le rendez-vous et passe dans l'île sur deux nacelles, avec trois de ses favoris. Arnould et les siens y sont déjà. Les deux princes s'embrassent et se font bon accueil. Après discours et palabres, les deux hommes finissent par s’accorder et ils se séparent « bons amis ». Les normands repartent dans une des nacelles et le duc dans l’autre. Ce dernier est alors rappelé par le comte de Cambrai, sur l’ordre d’Arnould sous le prétexte que le flamand a oublié de lui dire une chose importante. A peine est-il revenu qu’il reçoit un coup par le comte de Cambrai et qu’il est transpercé par les dagues que les complices du flamand avaient caché sous leurs habits.

Les comtes de Bretagne et les hommes de Guillaume étant restés sur la rive opposée, ils ne purent que voire la fin tragique de leur prince sans pouvoir lui porter secours. Ils récupérent le corps de Guillaume et le ramenèrent à Rouen pour lui rendre les derniers hommages. Toute la Normandie prit le deuil de son prince qui était appelé « Longue-Épée » de par sa grande taille. Son tombeau se trouve à la cathédrale Notre-Dame de Rouen.

tombeau_de_guillaume_longue_epee

Sa mort prématurée laisse le trône à son fils Richard, un enfant à peine âgé de dix ans. Ce qui en fait une proie facile pour les ambitieux. Et Ils ne tardent pas à en profiter. Les seigneurs normands, dévoués à la famille de Rollon, jurent foi et hommage à leur jeune duc et lui choisissent de dignes tuteurs dont Bernard le Danois, Anslech de Briquebec et Osmond de Conteville (Centvilles ?).

Mais le roi de France, ce même Louis IV d'Outremer à qui Guillaume-Longue- Épée avait fait rendre son royaume envahi, conçoit le projet de profiter de la minorité de son vassal pour prendre la Normandie. Ainsi donc il s’empare du jeune Richard, ainsi que son tuteur Osmond de Conteville (Centvilles ?) et le ramène à sa cour de Laon sous prétexte de faire son éducation. Pendant ce temps, les normands nomment Herluin, gouverneur de la Normandie.

Louis d’Outremer s’associe avec Hugues, comte de Paris, pour mettre la main sur le duché de Normandie. Le roi envahit le pays de Caux, les normands se défendent mais finissent par être battus et sont obligés de se soumettre obtenant ainsi la fin des hostilités.

Pendant ce temps, Osmond apprend que le roi de France, au lieu de punir Arnould du meurtre de Guillaume Longue-Épée, lui déclare qu'il avait bien mérité de la patrie. Il s’occupe de l'éducation de Richard et lui enseigne le maniement des armes, le fait monter à cheval, et le jette dans tous les tumultes de la chasse. Un jour, son élève et lui vont si loin, que le roi de France, inquiet, fait courir après son prisonnier et le ramène violemment. Sa colère va même jusqu'à menacer Richard de le faire « énerver », supplice affreux à l'usage des rois détrônés. C’est plus qu'il n'en faut pour confirmer les pressentiments d'Osmond. Dès ce moment il ne songe plus qu’à fuir.

Osmond finit par libérer Richard, en 945, et ils reviennent au galop jusqu’à Senlis. Le comte de Senlis et le seigneur de Coucy, réveillés par la bonne nouvelle, promettent main-forte au jeune duc. Le roi et Arnould, l’assassin de Guillaume-Longue-Épée voit cela d’un mauvais oeil. Ce dernier, craignant que Richard vienne lui demander réparation pour le meurtre de son père, presse le roi de déclarer la guerre à la Normandie. Mais les normands savent qu’ils ne peuvent se défendre que par la ruse et notamment en brisant l’alliance entre Hugues le Grand et le roi.

Bernard le Danois, chef de la maison d’Harcourt, s’avance alors au-devant du roi, avec tout le clergé et la noblesse et lui offre la soumission de la Normandie, « Recevez, disent-ils, une fertile province qui, venue de vos ancêtres, se range librement sous votre sceptre. »

Le roi se laisse prendre et à la fin du repas dans la maison d’Harcourt, Bernard lui dit : « Je suis triste et joyeux, sire : joyeux de voir que désormais la Normandie fleurira sous votre sceptre, et triste d'entendre que vous vous soyez dépouillé de la plus belle, plus riche et plus grande partie, pour en investir le comte de Paris, agrandir sa maison et servir de marchepied à son ambition. Désormais, quand Hugues voudra empiéter une partie de votre sceptre et courir sur le ventre de vos armées, la noblesse normande lui ouvrira le chemin. Vingt mille hommes sages et valeureux, jadis le bras droit de Longue-Épée, seront armés contre vous au premier son de la trompette. Cherbourg, Saint-Lô, Avranches, Coutances, Bayeux, Caen, Lisieux, Alençon, Falaise, Séez, Évreux, les meilleures villes de la Normandie, sont incloses en la part que vous lui faites; et penser les remettre en vos mains après qu'elles auront reconnu Hugues pour seigneur, ce serait croire l'impossible facile. Repassez un peu, sire, par votre mémoire, combien de fois cet ambitieux a voulu déjà s'élever et entreprendre sur vous, et vous jugerez comment, plus riche d'hommes, de places fortes et de biens, il abaissera les cornes de sou ambition et vous obéira. Non, sire, ne permettez pas que ce pays, le plus fertile du monde, qui se jette entre vos bras et vous reçoit pour seigneur, tombe en la puissance de votre ennemi. Plutôt, sans permettre qu'il le ruine davantage, ajoutez à votre couronne ce beau fleuron de la Normandie tout entier.»

Le roi de France écrit alors à Hugues pour lui dire qu’il n’a plus besoin de combattre, car il n’a besoin de personne pour soumettre la Normandie. Hugues obéit à contre-coeur.

Bernard contacte alors Hugues le Grand et lui promet l’aide des normands pour lutter contre le roi. Hugues entre alors en campagne contre le roi.

Bernard s’était aussi allié l’aide de Harold (ou Harald), roi de Danemark, installé dans le Cotentin par Guillaume-Longue-Épée. Ce dernier lui apportant 22 navires.

Surpris le roi est obligé de livrer batailles. L’endroit de la bataille est à Croissanville, nous sommes le 13 juillet 945 et cette bataille est décisive. En effet, les soldats du rois sont mis en déroute et ce dernier est fait prisonnier. Dans les rangs normands, la mort d’Herluin est à déplorer.

Mais après l’action, les danois s’arrêtent pour dépouiller les morts, ceux chargés de garder le roi de France, l’abandonnent pour butiner comme les autres.

Richard_sans_peur

Ce dernier en profite pour se sauver, mais il est reconnut par un cavalier rouennais. Le roi lui promet alors richesses et les plus belles charges de sa cour. Le cavalier aveuglé l’emmène alors dans une maison près de Rouen. Mais Louis d’Outremer essaye à nouveau de s’échapper, il est alors mit en prison.

Le jeune duc de Normandie, Richard, entre alors dans sa capitale et une conférence a lieu à Saint-Clair-sur-Epte. Louis, Richard et Hugues y assistent. On y stipule que le roi de France renonce à ses prétentions, et reconnaît Richard comme duc de Normandie. Richard transmet alors à Hugues le Grand le roi Louis qui le garde prisonnier jusqu’en 946.

Richard, fils de Guillaume-Longue-Épée, devint Richard 1er de Normandie, dit sans peur. Il épousa Emma, la fille de Hugues le Grand (et soeur de Hugues Capet), ce même comte de Paris qui voulait s’emparer de sa terre et qui finit par s’allier à Richard. Mais c’est son autre femme Gunnor qui lui donna sa descendance. Il régna pendant 54 ans. Il s’éteignit en 996.

Source : les ducs héréditaire de Normandie, par de La Porte des Vaulx, 1860. Wikipedia.

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