Un compositeur à Magny-la-Campagne
Charles-Guy Piquot de Cordey de Magny, né à Magny-la-Campagne, près Caen, le 29 septembre 1765, fit ses éludes sous les yeux de son père, au château de Rapilly.
Son éducation musicale commença dès son enfance ; secondé par d'heureuses dispositions, ses progrès furent si rapides, qu'à l'âge de 7 ans, il joua, dans une réunion musicale, à Falaise, un concerto de violon d'un des célèbres compositeurs de l'époque.
Entré aux pages de M. le duc d'Orléans, M. de Magny perfectionna son éducation et acheva de développer ses talents ; plus tard, il fut nommé au régiment de Monsieur (dragons), où il servit jusqu'à la révolution.
Embrassant avec chaleur et dévouement la cause royale, il lui sacrifia la plus grande partie de sa fortune, et suivit les princes dans l'exil.
Rentré en France, M. de Magny trouva dans la culture d'un art qu'il aimait avec passion, le dédommagement des plus belles espérances d'avenir ; intimement lié avec le célèbre Lemoine, il fut initié par lui, et plusieurs autres artistes, aux secrets de la composition.
Aimable, instruit, doué d'une imagination vive et réellement artistique, ce fut à ses soins, à ses démarches incessantes, que la Société Philharmonique du Calvados dut sa fondation.
M. de Magny a laissé un recueil de romances, plusieurs cantates, entre autres celle de Circé, que les amateurs instruits ont admirée ; quatre œuvres de quatuor pour deux violons, alto et basse, et plusieurs morceaux de musique sacrée, des fragments de messe.
Au mois de décembre 1833, M. de Magny étant chez un de ses amis aux environs de Caen, exécutait un de ses quatuor avec Robberechts, lorsqu'il fut frappé d'une première attaque d'apoplexie, qui provoqua la paralysie du côté droit.
Après cet accident, retiré à la campagne chez Mlle de Magny, sa soeur, il devint l'objet des soins les plus empressés de sa famille. Privé de l'usage de la main droite, il s'occupait néanmoins de son art favori, soit en vérifiant les additions qu'il faisait à ses ouvrages, soit en enseignant, la musique à de jeûnes enfants de paysans.
Lorsqu'au mois de décembre 1835, il fut enlevé par une nouvelle attaque d'apoplexie, à l'âge de 71 ans. — M. de Magny avait obtenu, à la restauration, le grade honorifique de lieutenant-colonel et la croix de Saint-Louis.
Source : De l’état de la musique en Normandie depuis le Ixe siècle, Emma Chuppin. 1837.