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Histoire de Mézidon Canon et de son canton
30 juillet 2008

De Bonenfant, Seigneur de Magny-le-Freule

Magny-le-Freule, Magneinm.

Magny-le-Freule faisait partie du diocèse de Bayeux et du doyenné de Vaucelles. L'église appartient au style de transition, dont nous trouvons tant d'exemples dans l'arrondissement de Lisieux. Le chœur, en retrait sur la nef se compose de deux travées ; il est éclairé par des fenêtres en forme de lancettes, avec chevet droit percé de deux fenêtres de même forme ; la corniche extérieure est supportée par des modillons à figures. Du côté du sud, une porte à plein- cintre, garnie de zig-zag, donnait accès au chœur. A l'intérieur, les chapiteaux des colonnettes destinées à supporter les arceaux de la voûte offrent le type du XIIIe siècle ; la voûte actuelle, en plâtre, a été refaite ; vers la même époque, on a repavé le sanctuaire et fait disparaître, plusieurs pierres tombales recouvrant des Bonenfant, seigneurs de la paroisse.

La mère de M. Arcisse de Caumont était née de Bonenfant et M. Arcisse de Caumont avait fait des recommandations, demandant à ce que les pierres tombales ne « disparaissent pas », il ne fut pas écouté.

Sur une de ces tombes, du côté de l'évangile, il était possible d’y lire :

... HOMME CHARLES DE BONENFANT ET PATRON DE MAGNY-LE-FREULE, LE BREUIL, LA BRETHE-HARENVILLIER, LEQUEL DÉCÉDA LE 11 FEVRIER L’AN 1639. PRIEZ DIEU POUR SON AME. AMEN.

Sur une autre tombe, du même côté (côté de l'évangile), on lisait :

CY GIST MESSIRE PHILIPPE DE BONENFANT, CHEVALIER, SEIGNEUR DE MAGNY-LE-FREULE, LA BRETHE-HARENVILLIER, LA MORICIERE, VILLERS ET AUTRES SEIGNEURIES DÉCÈDE LE 12e DE MAY 1672. PRIEZ DIEU POUR LE REPOS DE SON AME.

Il y avait encore d'autres tombes dans le sanctuaire et dans le chœur ; elles ont disparu, comme les deux précédentes. Mais on voit toujours dans le mur, du côté de l'épître un encadrement. La table de marbre qui était au centre de ce cadre a été détachée, probablement pendant la Révolution ; mais elle a été retrouvée au château. Voici le texte de l'inscription qui la recouvre :

SUR LE TREPAS DE NOBLE DLLE JEANNE DE BONENFANT
FILLE DE M PHILIPPE DE BONENFANT
CHEVALIER, SEIGNR DE ET PATRON DE MAGNY-LE-FREULE
Sonnet
BELLE, JEUNE CHARMANTE DE CORPS ET D’ESPRIT
AU PRINTEMPS DE MES JOURS JAY PARU SANS SECONDE
JAY VEU SANS LES GOUSTER LES VANITES DU MONDE
ET LEUR ECLAT TROMPEUR JAMAIS NE ME SURPRIT
PRESQUE DES LE BERCEAU MON AME COMBATTIT
CONTRE TOUS LES DEFAUTS DONT NOTRE SEXE ABONDE
DU MONARQUE DU CIEL LA SAGESSE PROFONDE
VIERGE ME MIST SUR TERRE ET VIERGE MY REPRIT
VOUS DE QUI LA BEAUTE REND LE MONDE IDOLATRE
SURPASSES EN ATTRAIT HELEYNE ET CLEOPATRE
A L’EMPIRE DES COEURS REGLES TOUS VOS DESIRS
BELLE, AYEZ LES DONS DE TOUTE LA NATURE
MALGRE TOUS LES TRESORS QUI CHARMENT LES HUMAINS
VOUS IREZ COMME MOY DEDANS LA SEPULTURE
OBIIT 20 APRILIS ANNO 1661 AETATIS 16 .

On voit du même côté, près de l'autel, une ancienne crédence de forme ogivale. La nef, plus large et plus longue que le chœur, était éclairée par trois fenêtres au sud et au nord ; elles sont cintrées et garnies d'un tore sans colonnes, ce qui ne paraît pas annoncer une époque plus ancienne que le chœur ; elles sont à peu près intactes du côté du sud ; deux ont été refaites du côté du nord, l'une à une époque peu ancienne, l'autre très-anciennement, car elle est subdivisée en deux baies tréflées avec rose au sommet. La porte d'entrée se trouvait évidemment dans le mur méridional ; elle a dû être supprimée quand on a pratiqué, dans le pignon occidental, la porte moderne. Ce changement a nécessité des reprises dont on distingue encore les traces dans les murs. Cette porte occidentale, moderne, est accompagnée de deux fenêtres étroites s'élevant à une certaine hauteur et terminées par un linteau horizontal, comme des meurtrières. Au-dessus du pignon est établie une tour quadrangulaire et peu élevée, en bois, garnie d'essente. Entre chœur et nef on voit, au sommet du gable qui encadre l'arc triomphal, une petite arcade qui, très certainement, renfermait une cloche et qui, vraisemblablement dans l'origine, remplaçait le clocher. La nef est voûtée en bois avec tirants et poinçons visibles ; toute cette boiserie a été refaite.

L’église est sous l’invocation de Saint-Germain. La cure se divisait en deux portions, dont la première était à la nomination des Bonenfant. Richard de Bonefant armiger est ainsi désigné dans le Livre Pelut de Bayeux. Jean de Tilly (Thillay ?) nommait, à la même époque, à la 2e portion.

chateau_de_magny_le_freule

Le château, situé tout près et au nord-est de l'église, est moderne, il remplace celui que la famille de Bonenfant habitait dans le XIVe siècle, et probablement avant cette époque. Il se trouve dans une île formée par la Dive. Les bâtiments qui entourent les cours, eu dehors de l'île, sont assez vastes. Celui qui clôt cette cour, à l'ouest, paraît de l'époque de Louis XIII.

M. le comte George de Soultrait (descendant des Bonenfant), qui a dépouillé dans les archives du château de Magny un certain nombre de chartes ou aveux, y a constaté les faits suivants :

De 1315 à 1316, Étienne de Ronenfant était seigneur de Magny-le-Freule ;
De 1351 à 1387, Raoul de Bonenfant était seigneur de Magny-le-Freule et du Breuil ;
De 1387 à 1392, Jehan de Bonenfant était seigneur des mêmes paroisses ; Ce même Jehan était lieutenant du capitaine commandant la place du chateau de Bonneville-sur-Touques, qu’il capitula.
Le 10 mai 1418, Jean de Bonenfant, fils d'un autre Jean de Bonenfant, fut réintégré par le roi d'Angleterre dans la terre de Magny-le-Freule.
De 1455 à 1458, Geoffroy de Bonenfant ; dont il est fait mention dans le 4e volume des Oeuvres de Thomas Bazin, un aveu de Geoffroy à cet évêque, daté du 3 mai 1457, où l’on apprend que la terre de Magny était composé de manoir, cours, jardin, moulin et four à ban, pêcherie et colombier.

De 1484 à 1499, Jehan de Bonenfant ; En 1509, Pierre de Bonenfant ; En 1517, Philippe de Bonenfant ;
En 1548, Loys de bonenfant, conseiller du roi ; En 1570, Jehan de Bonenfant, qui avait pour femme Anne Le Prevost.

De 1606 à 1639, Charles de Bonenfant, seigneur et patron de Magny-le-Freule, du Breuil, de la Morinière et de Biéville, gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi. (voir ci-dessus, l’inscription tombale relevée dans le sanctuaire avant le pavage qui l’a fait disparaître).

Il eut pour fils et successeur Philippe de Bonenfant, (inscription tombale relevée aussi ci-dessus) et qui mourut en 1672.

Son fils, François de Bonenfant, prenait les titres de seigneur et patron de Magny-le-Freule, marquis de la Perrière, sieur de la Brette, de la Morinière, de Hauville, d'Ouésy, de Biéville, de Quetiéville, et en partie de Mesnil-Villers ; il figure dans des actes de 1678.

Leur fille aînée, Bénigne de Bonenfant, épousa le marquis de Chenault, dont la fille, Hyacinthe-Isabelle de Chenault, fut mariée au vicomte de Courcy. De ce mariage naquirent plusieurs enfants, parmi lesquels Hyacinthe de Courcy, qui porta la terre de Magny au marquis de La Rivière-Prédauge, père de Mme de Saint-Léger.

Une branche de Bonenfant, peut-être une branche cadette, habitait à quelques pas de là, sur les confins de Méry-Corbon, le fief de Montfreule, qui touche à Magny.

La terre et le château de Magny-le-Freule appartenaient encore au XIXe siècle, à Mme de Saint-Léger, née de La Rivière-Prédauge, mère de Mme la comtesse de Soultrait, épouse de M. de Soultrait, receveur-général à Lyon, et mère du comte Georges de Soultrait, membre de l'Institut des provinces.

Mme de Soultrait a vendu ce domaine dans les années 1850. Il a été revendu en détail. Il y avait dans ce château des tableaux représentant plusieurs Bonenfant. Certains ont été emportés par M. Georges de Soultrait et placés dans son chateau de Toury, département de la Nièvre.

Source : Statistique Monumentale du Calvados, par M. Arcisse de Caumont. Tome V. 1867.

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