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Histoire de Mézidon Canon et de son canton
27 juillet 2008

Odon Stigand et Elie de Beaumont, des noms associés à Mézidon et Canon

MÉSIDON. Mansio Odonis : habitation ou maison d'Odon Stigand, fondateur de Sainte-Barbe-en-Auge. C'est auprès de ce bourg, situé sur la Dives, que Stigand fonda dans le XIIe siècle le prieuré de chanoines réguliers et qui était situé sur le territoire d'Écajeul. Dans le moyen-âge, la Dive était encore navigable jusqu'à ce bourg ou dans le siècle dernier on a trouvé des organneaux pour l'attache des navires : elle l'était même plus haute avant que l'essartement (défrichement) des forêts eût diminué l'abondance des pluies et l'humidité du sol, qui entretenaient un volume d'eau plus considérable qu'aujourd'huidans nos rivières et leurs affluents. Au mois de juin 1137, Etienne-de-Blois, compétiteur de Geoffroi Plantagenêt au trône Normano-Britannique, assiégea, prit et brûla Mésidon : c'est de Sainte-Barbe-en-Auge, où il s'était confortablement établi qu'Etienne dirigea cette opération, pendant un temps extraordinairement sec qui nuisit beaucoup à la défense des assiégés et favorisa les approches de la place. Démantelée et ruinée, elle n'a plus depuis joué aucun rôle dans nos guerres. Quant au bourg, il se rétablit peu à peu et dès le commencement du XIII" siècle il possédait des marchés et des foires que la richesse du pays rendait très fréquentés.

A la mort de Stigand, la baronnie de Mésidon passa à Rabel de Tancarville auquel Odon Stigand avait donné en mariage sa fille Agnès. Cette seigneurie resta aux Tancarville jusqu'en 1347, où elle fut échangée par Jean II, comte de Tancarville, avec les moines de Grêtain pour des domaines qu'ils possédaient en Angleterre.

BREUIL-SUR-DIVE (LE). Ce mot est la traduction du broilum des capitulaires de Charlemagne. où il signifie un bois-taillis : sens dans lequel il est employé par les Eaux-et-Forêts. Cette, expression est romane, ainsi que Breil, Broil, Broillot, d'où nous avons fait broussailles, et tiré au figuré notre verbe brouiller et ses dérivés.

L'église du Breuil est du XIIe ou XIIIe siècle. Le savant M. de Caumont y a remarqué « deux jolies portes de forme ogive, ornées de zigzags, de tores et d'une bordure de tête-de-clous, qui s'ouvraient dans le chœur, l'une devant l'autre, au sud et au nord, immédiatement après les chapelles du transept ». Il ajoute : « L'église du Breuil était en forme de croix avec une tour carrée au centre du transept. Le corps de l'église est ancien. On y a ajouté au XVe siècle un porche en avant de la porte principale de la nef, qui s'ouvrait dans le mur méridional près de l'extrémité occidentale. Probablement au siècle dernier, deux petites chapelles symétriques ont été ajoutées près du sanctuaire au nord et au sud, de manière à former un second transept. .. »

CANON-AUX-VIGNES, appelé par le célèbre avocat Élie de Beaumont Canon-les-Bonnes-Gens, lorsqu'il y fonda une Rosière. Ce surnom de Vignes, que l'on retrouve dans plusieurs localités du pays, notamment dans Cêni-aux-Vignes, commune très voisine. rappèle une culture qui, avant l'édit de Charles IX qui la prohiba, était fort étendue dans toute la Normandie septentrionale où l'on n'en retrouve plus de trace qu'à Argences.

Cette proscription faite par Charles IX est la moins déplorable dont on puisse l'accuser : nos vins normands, que l'auteur du Fabliau intitulé : la Bataille des Vins, cite en grand nombre, étaient détestables. Aussi dès le XIIe siècle, Tortaire (Moine), dit en parlant de nos contrées : Sed Bacchus minime domlnatur in hac regionc (Bacchus est bien loin de régner en ces lieux). A cette époque, sur quelques points fort étendus la vigne avait déjà disparu ; ce qui avait fait dire à Jonas, Abbé de Notre-Dame-du-Veu : Hte terra sterilsi, et vinea nulla supersies (Là le sol est ingrat, nulle vigne n'y reste).

En 1204, Guillaume le Breton, qui accompagna Philippe-Auguste dans sa conquête de la Normandie, remarqua l'abondance des pommiers qui couvraient la Vallée-d'Auge, dans cette comparaison à propos de guerriers tombés dans une bataille : Non tot in au automni rubet Algia tempore pomis, Unde liquare solet siceram sibi Neustria gratom. (Le Pays-d'Auge ne se rougit pas en automne d'autant de pommes, dont la Neustrie fait couler le cidre qu'elle chérit).

Ce n'est point par ses anciens vignobles que Canon a obtenu quelque célébrité. Jean-Baptiste Jacques Élie de Beaumont, ayant acquis la terre de Canon, y bâtit, vers 1770, le beau château qui subsiste encore. Avocat distingué, intendant des finances du comte d'Artois qui depuis fut Charles X, il était lié avec les hommes les plus illustres de la littérature et du barreau : La Harpe, les deux La Cretelle, Target, l'abbé Le Monnier, l'abbé de Boulogne, de La Croix, De Sèze, l'abbé Bourlet de Vaux-Celles et quelques autres notabilités du temps. Cette brillante réunion, passait à Canon quelques-uns des plus beaux jours du mois de septembre, et ne cessa de s'y rassembler pour la fête de la Rosière qu'en 1782, parce que Mme Elie de Beaumont mourut en janvier 1783.

A l'imitation du saint évêque Médard, fondateur dans le Ve siècle de la Rosière de Salenci, et à l'occasion de la grossesse de la comtesse d'Artois (qui le 6 auguste 1775 mit au monde le duc d'Angoulême), M. et Mme . de Beaumont, d'accord avec les religieux de Sainte-Barbe-en-Auge, seigneurs de Mésidon, et avec Morin du Mesnil, père de Mme de Beaumont, seigneur deVieux-Fumé, fondèrent une Rosière à Canon.

D'après l'acte de fondation du 10 février 1775 et le réglement approuvés par lettres-patentes et enregistrés au parlement de Rouen, les trois communes de Canon, de Vieux-Fumé, et de Mésidon concouraient par vingt électeurs au choix d'une Bonne Fille, d'une Bonne Mère, d'un Bon Vieillard et d'un Jeune homme Bon Chef de famille. La première élection eut lieu au commencement de septembre 1775, et le premier couronnement le 24 du même mois.

Les abbés Le Monnier, de Vaux-Celles, et de Boulogne qui depuis fut évêque, tous trois hommes de lettres prêchèrent à ces cérémonies qui attirèrent une grande affluence. Paul, élève de l'académie de peinture, fit le portrait des Bonnes Gens qui avaient obtenu et mérité la couronne ; Du Vivier et Gatteaux composèrent chacun deux médailles d'argent pour ces vertueux et modestes. Le comte d'Artois avait porté les deux Cordons Bleus dont on décorait les élus, pendant la cérémonie.

Le Veillard était couronné d'épis de blé; la Mère de famille, d'immortelles ; la Jeune fille, de roses ; et le Jeune homme d'épis et de glands. La peinture et la sculpture d'accord avec la poésie, concouraient à l'embellissement de cette solennité touchante, qui avait lieu au château et que l'on célébrait annuellement le 15 septembre. Cette fondation eut dix-sept imitateurs.

Des discours prononcés à Canon, quelques-uns furent imprimés, ainsi que les petits recueils de chansons de 1776, 1777, etc., chantées à la cérémonie. Parmi ces poésies, on remarque Les Bonnes-Gens par Bonnecarrère, quelques vaudevilles très jolis et de gracieux couplets. Voici l’exemple que La Harpe improvisa sur l'air de sa romance : O ma tendre musette !

Chantons tous celte fête ;
C'est celle des bons cœurs.
Au couple qui l'apprête
Faites-en les honneurs.
Aux lauriers qu’ils vous donnent
Ils joignent leurs lauriers ;
Et le bien qu'ils couronnent
Ils l'ont fait les premiers.

Le château de Canon, qui appartient encore aux descendants De Beaumont, fut longtemps habité par son fils Armand Élie De Beaumont, qui avait épousé Éléonore Mercier-dupati, fille du célèbre président, auteur des Lettres sur l'Italie. Le petit- fils du défenseur des Calas est un homme encore plus distingué que ses illustres parents : membre de l'Institut, il est célèbre par ses belles découvertes en géologie.

Le docteur Serain, qu'Élie De Beaumont fixa à Canon pour y donner ses soins aux malades, et qui y mourut en 1821, avait, en 1780, découvert dans cette commune, sous un tumulus qu'il fit ouvrir, sept squelettes dont les têtes reposaient sur des cercles de cuivre rouge de 55 millimètres (2 pouces) de largeur, et de 5 millimètres (2 lignes) d'épaisseur. De ces squelettes, six regardaient l'Orient, un seul était tourné vers le Nord; près d'eux se trouvaient divers ossements, des anneaux et du charbon. Il est à remarquer que les vingt squelettes trouvés en 1685 àCocherel, près de la rivière d'Eure, avaient également la face tournée vers l'Orient, ainsi que plusieurs dont on a depuis fait la découverte. On sait que Cocherel fut, le 17 mars 1364, le théâtre d'une bataille où Du Guesclin battit les Anglais et les Navarrois. En 1135 il est question d'un Odon, seigneur de Canon.

Source : Histoire de Lisieux, par M. Louis du Blois, Tome II. Durand-Imprimeur, Lisieux, 1846.

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Commentaires
J
Eléonore est la fille de Mercier-Dupaty, président au parlement de Bordeaux.<br /> La description de la première fête de Canon est donnée dans "L'(année Littéraire" de 1775, pages 3 à 17.("à l'occasion de la grossesse de madame la comtesse d'Artois")
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