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Histoire de Mézidon Canon et de son canton
13 juin 2009

La fête des bonnes gens de Canon

bonne_fille

Vers 1770, après des revendications judiciaires, Mme Elie de Beaumont, née Morin du Mesnil (de Vieux-Fumé), entra en possession de la Seigneurie de Canon.<

En 1773-1774, un procès opposa le village de Salency à son seigneur à propos de l’élection de la Rosière. En effet, le seigneur se crut en droit de choisir la rosière sans l’intermédiaire des habitants et de lui poser la couronne sur la tête sans pompe et cérémonie en soutenant que la dépense de la fête pouvait encore être réduit. Ces prétentions furent condamnées par le bailliage royal de Chauny. Ce procès fut gagné par le célèbre avocat parisien Guy Jean Baptiste Target. Or il se trouvait à Caen le 13 janvier 1773 comme parrain de Claire Duret avec la marraine ... Mme Elie de Beaumont. Est-ce que cela « aida » dans la détermination que prirent Elie de Beaumont et son beau-père, seigneur de Vieux-Fumé, d’instituer une fête annuelle où seraient récompensés les filles vertueuses, les bons pères et mères de famille et les vieillards ?

Le contrat de cette fondation, comprenant pas moins d’une trentaine d’articles, fut passé le 10 février 1775, par devant les conseillers du Roy, notaires au Châtelet de Paris, entre :

Jean_Baptiste_Elie_de_Beaumont_et_son_epouse_Anne_Morin_du_Mesnil

1 - M. Jean Baptiste Jacques Elie de Beaumont, écuyer et avocat général honoraire, seigneur et patron de Canon, de Bernay et autres lieux, docteur honoraire de l’Université d’Oxford, membre de la Société royale de Londres, de l’Académie Royale des Sciences de Berlin, des Académies de Lyon, Rouen, Caen, Arras et de la Société économique de Berne ;

2 - Madame Anne Morin du Mesnil, son épouse d’une part.

3 - Et Me Jacques Barbey du Bourg, docteur et professeur de la Faculté de Médecine de Paris, procureur des curés, syndics et habitants de la Paroisse de Canon ;

4 - M. Jean Mouton du Nègre, chanoine régulier de la congrégation de France, fondé de pouvoirs des prieurs curés de Mézidon et des habitants et enfin ;

5 - Me Guillaume Antoine Le Monnier, prêtre chapelain royal de la Sainte-Chapelle de Paris, fondé de pouvoirs de la paroisse de Vieux-fumé.

L’acte débute ainsi : « Les dits seigneur et dame Elie de Beaumont ont dit que les fréquents séjours qu’ils ont fait en leur terre de Canon les ont mis à la portée de connaître par eux-mêmes combien le bonheur est facile à atteindre pour les habitants des campagnes, parce qu’ils ne le placent que dans les choses que la Nature a mises à la portée de tous les homme. […] En conséquence, sous le bon plaisir du Roi, en actions de grâces au ciel pour la grossesse de Madame la comtesse d’Artois, et pour l’heureuse naissance espérée d’un futur duc d’Angoulême, le dit sieur Elie de Beaumont, intendant des finances de Monseigneur le comte d’Artois ayant le département d’Angoumois, et la dite dame son épouse ont par ces présentes créé et constitué à perpétuité en leur terre et seigneurie de Canon, sous la protection espérée de Monseigneur Charles-Philippe comte d’Artois, frère du Roi, fils de France, et de toute sa descendance, une fête et solennité qui se célébrera tous les ans, le dimanche qui suivra ou qui écherra le neuf octobre, jour de la naissance de Monseigneur le comte d’Artois, et qui sera appelés la fête des Bonnes Gens ».livre_d_or_fete_des_bonnes_gens

4 prix furent fondés : le prix de la bonne fille, le prix du bon vieillard, le prix de la bonne mère et le prix du bon chef de famille.

Ces prix devaient alterner deux par deux et étaient réservés aux paroisses de Canon, Mézidon et Vieux-Fumé. Une 4e pouvait participer, au bon choix du seigneur.

Les premiers prix furent décernés en 1775, ce furent ceux de la bonne fille et du bon vieillard, l’année suivant ceux de la bonne mère et du bon chef de famille.

Le montant de chaque prix était de 300 livres.

La nomination de ces prix de vertu était réservée à M. Elie de Beaumont et à sa descendance, de préférence aux hommes et aux aînés de la branche, mais ils prenaient l’avis de 21 électeurs. La paroisse de Mézidon choisissait 9 électeurs, car le village était plus grand d’un tiers et les paroisses de Vieux-Fumé et Canon, 6 électeurs chacune.

Ces électeurs se réunissaient le 1er dimanche de septembre, aux Vêpres de Canon. Ils se rendaient ensuite au château où lecture des articles du règlement leur étaient faite. Le seigneur les laissés seuls une fois la liste des nominés remise. Chaque électeur devait écrire sur un papier les noms de 3 personnes qu’ils jugaient dignes d’une couronne. Les papiers étaient fermés et mis dans deux bassins.

Une fois terminé, les seigneurs rentraient et les billets étaient ouverts. Les noms étaient alors inscrits avec, en marge, le nombre de suffrage pour chacun. Les noms des 3 sujets remplissant le plus de voix étaient remis au seigneur de Canon.

Le seigneur avait une semaine pour choisir entre les 3 noms. Le samedi suivant, il envoyait, sous pli cacheté, sa réponse à Messieurs les curés des 3 paroisses. Cette lettre était ouverte le dimanche aux prônes des paroisses, elle contenait, le nom des personnes qui doivent être couronnées ainsi que celles ayant obtenu le plus de suffrages. Le couronnement avait lieu le dimanche suivant.

Le dimanche 24 septembre 1775, à 7 heures du matin, les habitants de Vieux-Fumé, en armes et précédés de tambours, s’en allèrent planter le drapeau de la bonne fille à la porte de Jeanne COLIN. Les paroissiens de Canon, firent de même pour leur bon vieillard (Pierre LE MONNIER).

Sur les 9 heures, le vieillard et la fille précédés de leurs drapeaux et des tambours, escortés de fusiliers, se rendaient au Presbytère de Canon. Les seigneurs des 3 paroisses et la noblesse du voisinage s’en allaient les y chercher, et les conduisaient au château de Canon. 12 vieillards servant de cortège au bon vieillard et 12 filles vêtues de blanc accompagnaient la bonne fille. Ce nombre correspondait aux concurrents de chacun.

Les familles suivaient le cortège. Celle du vieillard était nombreuse et sa femme, âgée de 82 ans et aveugle, le tenait par la basque de son habit, suivaient ensuite, les 6 enfants ainsi que les maris, les femmes et les enfants de chacun, 14 petits-enfants étaient présents. medaille_bonne_fille

Pour recevoir tout ce monde, une sorte d’estrade était élevé dans la cour du château, avec, au fond, un grand tableau représentant Henri IV montrant à Louis XVI le temple de la Gloire. Lorsque tout le monde était installé, le seigneur de Canon fit lecture des principaux articles de l’acte de fondation et expliquait les motifs qui avaient fait penché la balance en faveur de Pierre LE MONNIER et Jeanne COLIN. La proclamation des couronnés était et célébrée par les tambours, instruments et mousquetterie. Les 2 bourses leur étaient alors remises, ainsi que les médailles (en argent ornée d’un ruban vert qui était la couleur du comte d’Artois) et bouquets. Les autres concurrents recevaient aussi bouquets et rubans.

La médaille de la bonne fille, représentait la Vertu couronnant l’Innocence, avec l’Inscription : «Hic pietatis honos». Celle de la bonne mère, figure une femme allaitant son enfant, d’autres sont près d’elle, au fond un pelican s’ouvre le sein et la devise : «maternum pertentant gaudia pectus». Celle du bon vieillard représentait l’agriculture assise sur ses gerbes et couronnant un vieillard d’épis et de feuilles de chêne, la devise : «Dignum laude senom (vetat mori)». La médaille du bon chef de famille avait pour motif un jeune homme appuyé au bras d’une charrue et incliné devant son père et sa mère âgés et portait gravée ses mots : «Colliget avus».

Ensuite, une marche se formait pour l’église (de Canon) où le veillard et la bonne fille étaient placés au milieu du choeur sur une estrade. Les seigneurs de leurs paroisses étaient assis au bas de leur trône et toute la noblesse sur des bancs.

Les couronnes étaient présentées après l’évangile, elles étaient bénites et le seigneur les posait sur la tête des couronnés. Une couronne de roses pour la jeune fille et une couronne de blé et de feuilles de chènes pour le bon vieillard. Sur les couronnes, on pouvait lire : «Sagesse et vertus ont ici le même prix qu’à Salenci». Au dehors, un concert de musique par les instruments, tambours et mousquetterie accueillait les couronnés.

Monsieur le curé montait alors en chaire et faisait l’éloge des couronnés. La messe terminée, tout le monde revenait au château de Canon où 3 tables en fer-à-cheval étaient dressées. Les couronnés occupaient les places d’honneur entre les seigneurs de Mézidon et de Vieux-Fumé, celui de Canon et son épouse les servaient.

Sur les 2 tables latérales étaient installés les concurrents, le cortège et les parents des deux couronnés.  Au dessert, la dame de Canon leur chantait des couplets et la santé du roi était portée avec acclamation.

Après le dîner, suivaient les vêpres où les mêmes honneurs étaient faits aux couronnés. Le soir, un feu d’artifice avait lieu avec illumination de la façade du château de Canon.

Lors de cette fête, en 1775, un groupe de 6 ou 7 anglais étaient présents, tout habillés de bleus et de perruques jaunes, ils suivirent la cérémonie pas à pas et devaient revenir l’an suivant.

Le dimanche suivant (1er octobre 1775), les couronnés étaient reçut à la Grand’Messe de la paroisse et y recevaient encore les honneurs.

Puis ils se rendaient à dîner chez le Seigneur de la bonne fille (Vieux-Fumé), et ensuite à Mézidon où ils étaient attendu à l’entrée du bourg par le même cortège que le premier jour. Ils traversaient le village de Mézidon pour se rendre à l’Abbaye de Sainte-Barbe en Auge où ils étaient reçut par les chanoines réguliers et placés au milieu du choeur avec la même distinction qu’à Canon.Le Sieur Prieur leur adressait un discours éloquent. Une collation leur était ensuite servie dans la salle de l’Abbaye et on les reconduisait chez eux. S’ils faisait mauvais temps pour venir, la cérémonie était remise le dimanche suivant. Le prieur de l’Abbaye pouvait faire raccompagner les couronnés dans ses voitures en cas de pluie.... Leur règne se finissait ainsi.

Le 18 octobre 1775, M. Elie de Beaumont écrivit le récit de cette première fête à Voltaire, avec lequel il était en relation depuis 1760. L’institution de cette fête eut un grand retentissement en Normandie et en 1776, une Ode fut dédiée à M. et Mme Elie de Beaumont. Des biscuit de Sèvres furent exécutés dans les manufactures royales. L’un d’eux représentait Mme de Beaumont couronnant un vieillard entouré de sa famille.

Ces fêtes annuelles eurent lieu, avec le même cérémonial, jusqu’en 1785, date où la mort de celui qui les avait instituées y mit fin.

biscuit_Mme_de_beaumont_couronnant_le_bon_vieillard

Les premiers couronnés

Pierre LE MONNIER, premier bon vieillard. 79 ans passée sans reproche, 6 enfants élevés dans les principes de la religion et de l’honneur, mariés convenablement et cela sans autre patrimoine que les bras du vieillard. Le bon vieillard Pierre LE MONNIER et son épouse renouvellèrent leur cérémonie de mariage le dimanche suivant le couronnement, puisqu’ils s’étaient mariés en 1722.

Jeanne COLIN, couronnée bonne fille. 6 années de sa vie employée à soigner sa mère pendant une maladie de 6 mois, à la remplacer auprès d’une soeur en bas-âge, à travailler nuit et jour de toutes ses forces pour nourrir son père hors d’état de gagner sa vie.

Charles DURET de Canon, couronné bon chef de famille (en 1776). 32 ans, a pris, dès l’âge de 14 ans, le timon de la charrue de son père infirme, puis devenu le père de 8 frères et soeurs au décès de celui-ci et le premier domestique de sa mère. Il a fait prospérer la ferme de son père.

Marguerite MASSUE, femme de Nicolas LE GROS de Mézidon, couronnée bonne mère (en 1776). Renommée pour sa bienfaisance, sa charité et toutes les vertus chrétiennes et sociales. Elle a eu 10 enfants. Lorsqu’elle allaitait un de ses enfants, sa servante, non mariée, accoucha. Les plus zélées des voisines voulaient qu’on jette la mère et le fils à la porte. La bonne dame LE GROS les garda. La servante n’a pas vécu longtemps, mais le fils est vivant. Sur les 10 enfants qu’elle a eu, seuls les deux qu’elle a pu allaiter vécurent.

Lors de la remise de la médaille et de la bourse de 100 écus, Marguerite MASSUE alla voir le Prieur de Mézidon pour qu’il donne les écus aux pauvres, puis revient à sa place réfléchit et repartit vers le Sieur Prieur pour préciser : « vous ne donnerez que 50 écus aux pauvres et les 50 autres seront pour l’orphelin (qu’elle a allaité), car c’est lui qui est cause de mon couronnement. »

Les personnes couronnées portaient cette médaille le reste de leur vie. Elle était non seulement une marque d’honneur pour elles & leur famille mais aussi un encouragement à d’autres de tendre de toutes leurs forces à mériter la même récompense de la vertu mais encore une invitation pour les Seigneurs & Habitants des Paroisses ainsi réunies à rendre toutes sortes de bons offices aux personnes ainsi couronnées à leurs femmes à leurs enfants de les employer par préférence pour les fermes & pour les travaux de la campagne, de chercher à placer leurs enfants, de s’intéresser efficacement pour eux ,de préserver autant qu’il sera en eux les jours honorés du bon vieillard en sorte que par un heureux concours d’efforts de zèle & de bienfaits les bons habitants de ces cantons conçoivent & éprouvent que la vertu, la bonne conduite, l’exactitude à remplir en Chrétiens & en honnêtes gens les devoirs de leur état ne procurent pas seulement une récompense passagère, ne se bornent pas à un triomphe d’un seul jour, mais servent encore à ajouter à la satisfaction personnelle d’avoir fait le bien, des avantages permanents & héréditaires par lesquels ils puissent avoir de plus en plus les bonnes mœurs la sociabilité, l’éducation de leurs enfants, les soins de leurs vieux parents, les bons offices réciproques & le support mutuel en singulière recommandation, ce qui a été ainsi entendu voulu, consenti & agréé dans l’esprit ci dessus exposé & avec un ferme desir & une sincère promesse d’y concourir par tous les bons offices qui seront en leur pouvoir de la part des Habitants & des Seigneurs desdites Paroisses sus nommées.

Les motifs d'éligibilité

Motifs d’éligibilité de la Bonne fille

Pour être éligible bonne fille il faudra être née dans l’une des paroisses de Canon, Mézidon, Vieux Fumé ou dans la quatrième Paroisse réservée à nommer, avoir au moins dix-huit ans accomplis & n’en avoir pas plus de trente le jour de ladite Election ; être née de légitime mariage de père & m7re demeurant dans l’une desdites Paroisses & qui ayent au moins cinq ans de domicile continu & effectif avant le temps de ladite Élection avoir été de mœurs & de conduite irréprochables. Les motifs d’élection seront en, outre, d’avoir été soumise aux parents de les avoir aidés secourus soignés & gardés dans leur vieillesse dans leurs infirmités & maladies, d’avoir été douce honnête et serviable envers ses compagnes d’avoir rempli exactement ses devoirs de religion, de n’avoir point affecté de vêtement au dessus de sa condition, de n’avoir point affecté de recherche & de vanité dans les vêtements de sa condition, d’avoir pratiqué & enseigné à ses jeunes soeurs les travaux de son sexe, ceux auxquels doit se livrer une fille de la campagne suivant son état, d’avoir entre entretenu et ses frères & sœurs restés en bas âge, de leur avoir fait apprendre un métier, d’avoir partagé avec sa mère tous les soins domestiques, d’avoir donné quelque preuve particulière & distinguée d’amour filial & de vertu & en un mot de s’être rendue propre à remplir dignement & convenablement les devoirs d’une bonne mère de famille, femme d’un Laboureur ou d’un Fermier ou d’un Chef de famille administrant son propre bien .

Motifs d'éligibilité de la Bonne Mère

Pour être éligible Bonne-Mère, il faudra a voir été mariée dans l’une desdites Paroisses & y être domiciliée depuis cinq ans continus & effectifs avant ladite Élection, avoir été tant fille que mariée de mœurs & de conduite irréprochables et avoir trois enfants ou à défaut de trois enfants être femme d’un mari qui ait des enfants d un premier lit. Chaque enfant du premier lit devant tenir lieu à la femme d’un enfant d’elle pourvu qu’elle les ait traités & fait traiter avec bonté & tendresse par son mari comme les siens propres et comme se elle étoit leur propre mère. Les motifs d’élection seront en outre d’avoir toujours été sage d’avoir toujours bien vécu avec son mari & avec les père & mère de son mari, d’avoir aidé, secouru, soigné, gardé son mari, ses père & mère, les père & mère de son mari dans leur vieillesse leurs infirmités & maladies, d’avoir fait apprendre autant qu’ils l’auront pu, à lire & à écrire & les éléments de la Religion à leurs enfants & à ceux du premier lit, de leur avoir fait faire leur première Communion en temps convenable, d’avoir été douce honnête & serviable envers ses voisins & voisines, d’avoir détourné son mari de contestations et procès de la boisson immodérée de toutes rixes, querelles, d’avoir rempli exactement ses devoirs de Religion, de n’avoir point affecté de vêtements au dessus de sa condition, de n’avoir point affecté de recherches & de vanité dans les habits de sa condition, d’avoir enseigné à ses enfants & à ceux du premier lit & surtout aux filles les devoirs & les travaux de leur état, d’avoir veillé exactement sur la conduite de ses filles & belles filles, l’inconduite de la fille ou d’une belle fille depuis le mariage de sa belle mère étant un titre d’exclusion contre la mère ou belle mère en un mot de s’être conduite dignement & convenablement comme une bonne fille, une bonne femme une bonne mère, une bonne belle mère, une bonne belle fille doivent se conduire.

Motifs d'éligibilité pour le Bon Vieillard

Pour être éligible Bon Vieillard, il faudra être né dans l’une desdites Paroisses, en outre y avoir été domicilié cinq ans continus & effectifs avant le temps de ladite élection avoir soixante cinq ans accomplis. Les motifs d’élection seront en outre d’avoir été bon fils bon mari & bon père, d’avoir rempli les devoirs de ces diverses relations ainsi qu’ils sont développés dans les articles précédents & qu’ils peuvent s’appliquer à un homme d’avoir conservé la vie à quelqu’un ou l’avoir préservé de blessure ou autre accident, d’avoir prévenu & arrêté les violences batteries & émeutes dans les foires marchés et Fêtes de Paroisse, d’avoir été loyal dans ses marchés, d’avoir recueilli quelques pauvres Orphelins ou Vieillards chez soi ou d’avoir pris des Enfants trouvés, de les avoir bien traités & soignés, d’avoir été bon & humain envers ses domestiques & ses valets de labourage, de les avoir détournés de l’ivrognerie, de leur avoir aidé à se marier, d’avoir prêté de l’argent sans intérêts à quelques habitants dans leurs besoins pressants & notamment afin d’empêcher la vente de leurs meubles & effets pour le payement des impôts ou pour frais de justice, d’avoir prêté du grain à ses voisins soit pour leur nourriture soit pour les semences, d’avoir bien labouré & fait valoir ses héritages ou ceux qu’il a eus à ferme, d’avoir planté beaucoup d arbres & surtout tout des pommiers & des poiriers à boisson & des chênes & d’avoir défriché des terres incultes, d’avoir remporté des prix d’agriculture, d’avoir exactement rempli ses devoirs de Religion, en un mot de pouvoir présenter une vie bien & honnêtement remplie & dont la continuité des actions annonce un homme de bien & un homme bienfaisant.

Motifs d'éligibilité pour le bon Chef de famille

Pour être éligible bon Chef de famille, il faudra avoir vingt ans accomplis & n’en avoir pas plus de quarante cinq le jour de l’élection, être né dans l’une des quatre Paroisses sus désignées & y avoir un domicile comme ci devant tenir une demeure séparée de ses père & mère dans laquelle on puisse montrer les qualités d un Chef de famille par une administration séparée & cependant cinq ans antérieurs à ladite élection ou si l’on a demeuré avec eux être marié & l’avoir été pendant les cinq ans antérieurs à ladite élection ou si l’on a perdu son père avoir demeuré avec sa mère & tenu la maison & l’exploitation d’un bien de famille ou d’une ferme soit seul soit conjointement avec elle pendant les mêmes cinq années avoir rempli constamment les devoirs de bon fils envers ses père & mère ou tous deux avoir remplacé leurs soins, services & bienfaits envers ses frères & soeur en bas âge & leur avoir tenu lieu de père en leur faisant apprendre quelque métier ou contribuant buant à leur établissement, avoir secondé, substitué, remplacé son père dans les travaux de la campagne & de son état jusqu’au temps où l’on a pris une demeure séparée de son père dans le cas où l’on ne se seroit pas marié, un homme marié sera préféré pour ce prix à un garçon & celui qui seroit chargé de quelque frère ou sœur en bas âge à qui il auroit tenu lieu de père sera préféré à un homme marié.

-> Visiter le magnifique parc du château de Canon : ici (le biscuit de Sèvres et le registre sont conservés au château qui appartient toujours aux descendants d'Elie de Beaumont)

Sources : Fête des bonnes gens de Canon et des rosières de Briquebec d’après l’Abbé Lemonnier, 1775, Paris. La revue illustrée du Calvados, janvier 1912.

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