Un supérieur général de la Congrégation du Saint-Esprit

Alexandre Jean Baptiste Leguay est né 7 avril 1794, à Crévecoeur-en-Auge de parents pauvres. Il perd ses parents alors qu’il est encore en bas-âge et à 12 ans, il décide d’embrasser la carrière écclésiastique. Le curé de la paroisse de Crévecoeur-en-Auge, M. Ledard, lui donne des cours de latin.

En 1814, il entre au séminaire de Lisieux, il est reçu comme boursier au séminaire de Bayeux où il est ordonné prêtre en 1820.

Peu après son ordination, il entre dans la Société des Missions de France. Alors qu’il est en mission à Fontainebleau, il tombe gravement malade et rentre dans son diocèse où il est nommé aumônier des Dames Augustines, chargées de l’Hôtel-Dieu de Bayeux.

En 1827, il est nommé curé-doyen de Sainte-Catherine de Honfleur. Les tracasseries qu'il éprouve dans cette paroisse à la suite de la révolution de 1830, le contraignent à donner sa démission. Il se retire alors à Paris, où Mgr de Quelen lui confie la direction spirituelle de plusieurs maisons religieuses. Pendant cette période, il compose La voie de la véritable et solide vertu puis la Voie de la perfection dans la vie religieuse etc. À cette époque, il est logé au Séminaire du Saint-Esprit,

En 1842, il est nommé vicaire général de Perpignan, puis premier vicaire et enfin Doyen. Il était même question qu’il succédât à son évêque. Mais à la mort de M. Fourdinier, la congrégation du Saint-Esprit cherchant quelqu’un de compétent, s’adressèrent alors à Alexandre Leguay qu’ils connaissaient déjà. Ce dernier démissionna de son poste à Perpignan et vint prendre les rênes de la Congrégation

La congrégation du Saint-Esprit et le cœur de Sainte-Marie

La congrégation du Saint-Esprit fut fondé en 1703, à Paris, par Claude-François Poullart des Places, les spiritains ou missionnaires porte la nouvelle de l’Evangile de Jésus-Christ aux quatre coins du monde et surtout dans les milieux en difficulté sociale et dans les pays n’ayant jamais ou peu entendu parler de Jésus-Christ. L’évangélisation des pauvres est le but de la congrégation.

En parallèle de la congrégation, fut créée en 1841, l’institution du Saint-Cœur de Marie par François Libermann. Cette institution avait pour objet l’évangélisation des esclaves noires des anciennes colonies françaises. Un premier départ vers l’Afrique eut lieu en 1843, qui fut un véritable échec.

Pour une meilleure efficacité, il demanda à ce que le Cœur de Sainte-Marie intégre la Congrégation du Saint-Esprit.

Alexandre Leguay fut élu le 28 avril 1845. Il devient alors le 9e supérieur de la congrégation du Saint-Esprit. Il refusa tout rapprochement avec Libermann et les «libermannistes». Pour Leguay, il n’était pas besoin d’une congrégation supplémentaire qui ne serait que facteur de discorde.

Une fois Libermann et son institution écartés, Leguay entreprit de réorganiser la congrégation en recrutant un clergé stable, discipliné et zélé. Il envisagea aussi, en 1847, d’étendre l’action de la congrégation aux Etats-Unis.

Or la révolution de février 1848 éclata, mettant fin à la royauté, proclamant la IIe République et supprimant l’esclavage dans toutes les colonies !! Mais certains membres de la congrégation n’ayant pas manifesté en la faveur de cette mesure, il fut dit que la congrégation était un nid d’anti-abolitionnistes. Le nouveau directeur des colonies remplaça des prêtes de la congrégation mit en place par Alexandre Leguay par d’autres qu’il avait écarté. Ce dernier se senti «persona non grata» et, pour sauver la congrégation, démissionna le 29 février 1848. Il fit élire à sa place, comme supérieur, Alexandre Monnet, qui était très populaire auprès du nouveau gouvernement. Ce dernier devint le 10^e supérieur général le 2 mars 1848.

La même année, le principe de fusion avec celle du Saint-Cœur de Marie est admis et le 3 novembre Libermann est nommé 11^e supérieur général de la congrégation du Saint-Esprit. Libermann meurt le 2 février 1852. 

Alexandre Leguay, quand à lui, ne songe plus qu'à travailler à sa propre sanctification, et se retire à cet effet dans son pays natal, à Crévecoeur-en-Auge. Il tombe gravement malade au début de 1865. Il reçoit les derniers sacrements et rend son âme à Dieu le 27 février 1865. Plus d’une vingtaine de prêtres assistèrent à ses obsèques à Crévecoeur-en-Auge et un service funèbre eut lieu le 11 mars suivant dans la chapelle du séminaire du Saint-Esprit.

Sources : Les spiritains : 3 siècles d’histoire religieuse et missionnaire, Koren et Bouchaud, 1982. Claude-François Poullart des Place, Henri le Floch, 1906.