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Histoire de Mézidon Canon et de son canton
27 août 2008

Correspondance de Voltaire

A M. DAMILAVILLE*

Du 12 novembre 1766.

Vous devez déjà avoir reçu, mon très-cher ami, la lettre par laquelle je vous mandais que le petit ballot était parvenu à M. Boursier par la messagerie de Lyon à Genève.

Tout arrive, n'en doutez pas; et il n'y a point de pays où le public soit mieux servi qu'en France. Tout le mal venait, comme je vous l'ai dit, de ce qu'on avait mis l'adresse à Genève, au lieu de la mettre à Meyrin, et qu'on n'avait pas envoyé de lettre d'avis pour Genève. Sans ces précautions, on court les risques d'un grand retardement.

Je vous ai mandé combien la lettre de M. Tonpla avait attendri M. Boursier. Je vous répète qu'il est bon de s'assurer de la personne dont on semble trop se défier. Je vous répète que cette personne donne tous les jours des paroles positives à M. Boursier, et que ce Boursier, en cas de besoin , pourrait faire face à tout.

II a écrit à M. de Lamberta (d’Alembert), et il attend sa réponse ;  il ne fera rien sans avoir le consentement de M. de Lamberta. Voilà tout ce que je sais.

Je vous envoie, par une autre lettre, celle que j'écrivis à M. Hume, le 24 octobre. Je vous en ai déjà adressé plusieurs exemplaires, mais je crains que M. Jannel, qui a des ordres très-positifs et très-justes de ne laisser passer aucun imprimé de Genève, n'ait confondu celui-ci avec tous les autres ; il y a pourtant une très-grande différence.

Ma lettre à M. Hume n'est qu'une justification honnête et légitime, quoique plaisante, contre les accusations d'un petit séditieux, nommé J.-J. Rousseau, qui a osé insulter le Roi et tous ses ministres dans tous ses ouvrages, et qui mériterait au moins le pilori s'il ne méritait pas les Petites-Maisons.

Ma lettre à M. Hume venge la patrie. Voici une lettre tout ouverte que je vous envoie pour madame de Beaumont ; je vous prie, mon cher ami, de la lui faire parvenir, soit en l'envoyant à sa maison à Paris, avec certitude qu'elle lui sera rendue, soit en l'adressant à la terre du Vieux-Fumé, d'où madame de Beaumont a daté.

Je ne sais pas où est cette terre du Vieux-Fumé. Je suppose qu'elle est près de Caen ; mais, dans cette incertitude, je ne puis qu'implorer votre secours. L'affaire des Sirven devient pour moi plus importante que jamais ; il s'agit de sauver la vie à un père et à deux filles qui se désespèrent, et qui vont suivre une femme et une mère morte de douleur. M. de Beaumont aurait bien mieux fait de suivre cette affaire que celle de M. de la Luzerne. Il y aurait eu peut-être autant de profit, et sûrement plus d'honneur.

Mon cher ami, ne nous lassons point de faire du bien aux hommes; c'est notre unique récompense.

* Étienne Noël Damilaville, né à Bordeaux le 21 novembre 1723 et mort le 13 décembre 1768, est un homme de lettres français. Damilaville fut l’un des correspondants les plus assidus de Voltaire : on connaît à l’heure actuelle 540 lettres échelonnées sur une huitaine d’années, ce qui le range dans le groupe des privilégiés, et mieux encore dans celui des « frères ». La Barre, Sirven et autres, il lui parle de ses plans, de ses campagnes en ne ménageant pas ses adversaires, lui adresse ses écrits philosophiques, parus ou inédits, et le prie d’en assurer l’impression. Voltaire relit ses Honnêtetés théologiques et les intègre dans les Pièces relatives à Bélisaire. Ami de Denis Diderot, il a contribué à l’Encyclopédie qui lui doit ses articles "paix", "vingtième" et "population".

Source : Correspondance littéraire, philosophique et critique de Grimm et de Diderot, depuis 1753 jusqu’en 1790, Tome cinquième. 1824.
Oeuvres complètes de Voltaire, Correspondances, tome 31. 1862

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Commentaires
M
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> L’intérêt que vous portez à Voltaire m’incite à vous indiquer ceci :<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a deux ans une lecture attentive de sa Correspondance (treize volumes à la Pléiade) m’a conduit à publier un livre dont le contenu ne cesse de me surprendre, dans la mesure où la mise en relation de 1500 extraits environ de cette même Correspondance et des événements historiques sous-jacents ne paraît pas pouvoir laisser place au moindre doute sur le caractère délibérément faussé de l’image qui nous a été donnée de ce personnage. <br /> <br /> Je souhaiterais vivement que vous puissiez partager mon extrême surprise en consultant, si vous le voulez bien, la rubrique "livres" du site : www.cunypetitdemange.sitew.com<br /> <br /> Tout à la fin de cette rubrique, là où apparaît une reproduction de la couverture de "Voltaire – L’or au prix du sang", un clic sur le mot "Voltaire" (à gauche, en bleu) vous permet d’accéder aux quarante premières pages du livre lui-même.<br /> <br /> Cette façon quelque peu abrupte de venir vers vous ne fait sans doute que rendre compte de mon propre désarroi, car, si je ne me trompe pas, un énorme travail de réinterprétation reste à faire, et non sans conséquences diverses…<br /> <br /> <br /> <br /> Très cordialement à vous,<br /> <br /> <br /> <br /> Michel J. Cuny
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